Poésie nocturne
Nous aurions pu nous coucher dans des parures d'épices
Et partager le goût de nos âmes galantes.
Nous laisser sombrer aux odeurs caressantes
De nos lèvres aposées sur un même calice.
Nous parant de pénombre comme vêtement de nuit
Sur nos corps dénudés, nous aurions fait la danse
—Pantins énamourés : la subtile évidence !—
de doigts qui se promènent dans des gestes sans bruit.
Aveuglés dans la nuit à chercher la lueur
De nos yeux scintillants comme seul dialogue,
Nous aurions enlassé dans un léger prologue
De vierges instants à s'offrir en douceur.
À la soie, au satin, à nos peaux veloutées
Se mêlant en désordre à nos sens en émoi,
À ces braises sans feu je repense tout bas :
Nous aurions pu, interdits et coupables, nous aimer.