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Carnet de bord d'un voyageur sans retour...
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18 juillet 2004

Au gré des traces dans le sol : retour de vacances

Quand je suis rentré, c'est comme si quelqu'un était passé ici pour faire le ménage. Inhabituellement rangé, mon appartement m'attendait ce soir dans une calme quiétude : pas de plantes fanées, de restes de vaisselle et de bouffe empestant mon deux pièces + alcôve, pas de linge ou de courrier qui d'ordinaire traînent dans un savant désordre. Non. Nickel. Retour reposant et apaisant pour le coup.

Notre semaine de marche sur le GR 65 fut un poil écourté à cause du problème du rapatriement (les gares se font rares sur le parcours) mais surtout —mais motif silencieux— à cause de ma jambe droite qui me lance régulièrement. Mon genou et ma cheville ont du mal à plier, et sans me plaindre, les deux dernières étapes (bien que courtes) ont été accomplies en partie dans la douleur.

Semaine intense : de joutes et de réconciliations sur l'oreiller, de partages et de rencontres aussi fortes qu'éphémères (un couple de Nantais, deux Bretonnes et un alsacien marchaient au même rythme que nous) des paysages splendides qui s'étirent en longueur dans des champs de maïs et de tournesol. Une semaine agréable pour marcher. Le moral de Dan. est globalement remonté, quelquechose de fort et d'invivable en même temps nous soude. Pour ma part, j'ai été largement happé par mes méditations, ne me prêtant guère aux dialogues sinon par ma simple présence et quelques remarques caustiques qui en ont fait rire plus d'un.

Je pensais revenir ici chargé d'énergie nouvelle. Erreur. Je n'ai pas beaucoup d'énergie en stock, celle-ci s'étant au fur et à mesure de mes pas transformée en détermination. J'ai beaucoup réfléchi au sens des rencontres, et je reviens sur Lyon avec une furieuse et longue liste noire de gens que je vais (que je dois ?) biffer de mon carnet d'adresses et de mon agenda. Des connaissances qui ne m'apportent rien et à qui je n'apporte qu'un miroir embellissant un narcissisme déjà exacerbé. Des erreurs de jauge (à défaut de parler de jugement —je juge très peu—), des cordons stériles que je dois couper.

Des buts, aussi : à court terme et pour les semaines à venir, me purger de l'inutile que je gardais ici, mais à quelle fin ? alléger le coffre à souvenirs de vieilleries poussiéreuses, et faire de la place pour de la nouveauté.
Prendre rendez-vous chez l'ostéopathe (ça devient urgent !), le dermato, faire le point avec mon toubib sur les médocs. En dix jours je n'ai rien pris. Marcher me décrassait le corps et la tête...
À moyen terme : purger mes comptes, prendre contact avec diverses associations où j'ai envie de donner un peu de temps (Act Up bien sûr, mais aussi des assoc' de protections d'animaux sauvages comme le loup ou le requin), m'inscrire dans une salle de sport (l'aligot et la garbure, certes c'est bon, mais pas pour la silhouette)
À long terme : apprendre à mettre du pognal de côté pour changer de bagnole, changer d'appartement. Relancer le tribunal de grande instance pour mon problème d'identité qui traîne depuis trois ans maintenant...
Une mise au point aussi a été faite côté professionnel. Je vais prendre contact avec le CNED pour me remettre à niveau en anglais et en allemand, et étudier les possibilités pour gommer le "non" que j'avais soutenu à un de mes profs de fac qui voulait que je fasse sous sa direction un DEA de modélisation épidémiologique de systèmes organiques. Il y a sept ans, j'avais refusé par orgueil. En sept ans, on apprend à dompter son orgueil.

Je rentre avec d'autres interrogations, comme les réponses enflammées et dithyrambiques de Dom. à ces quelques SMS de sympathie qui se voulaient calmes et neutres. Mais je rentre aussi avec quelques clés de réponse qui gravitent autour d'un autre prénom. Au quotidien, Dan. et moi avons chacun besoin d'un espace vital pour se retrouver seul, et la cohabitation a parfois du mal à se faire. Parce que nous ne nous comprenons pas. Sur certaines requêtes, toutefois, notre langage est commun. Entre autres, sublime cadeau, nous sommes rentrés en voiture, en faisant un crochet par les plateaux de l'Aubrac que j'affectionne tant, depuis que j'y suis passé deux ans plus tôt, toujours sur le GR 65. Émotion intranscriptible à voir le village d'Aubrac (Dan. ne comprend toujours pas pourquoi), une soirée à flâner dans Nasbinals et une nuit paisible où déja se posait sur mon sommeil ces quelques images-là (en attendant les miennes)





Instants d'Aubrac :
quand l'immensité désertique nous regarde poser nos pas légers sur l'éternité.
(© plusnature.com et bruzbros.free.fr)


J'ai dîné léger, et je vais enfin après une dizaine de jours, jouir du privilège de pouvoir dormir seul dans une nuit sans câlins ni ronflements à franchir le mur du son. Il y a quand même quelquechose d'heureux dans ces vacances. Leur utilité dépasse ce que j'en avais espéré, mais je suis ce soir trop fatigué pour m'en rendre réellement compte.


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Commentaires
F
Content de pouvoir te lire à nouveau. Bon retour en douceur.
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